ANTONIO VIVALDI

ANTONIO VIVALDI

1678-1741

Pour célébrer le printemps dignement tout en honorant notre rubrique sur l’art, quoi de plus approprié que cette oeuvre magistrale “Les quatres saisons” d’un des géants de l’ère baroque italienne, Antonio Vivaldi?

Gageons d’ores et déjà que nous compléterons le tableau en nous référant à Vivaldi à chaque changement de saison de cette année!

Célébré de son vivant comme un des plus grands compositeurs de son temps, sa musique a été étonnamment oubliée pendant deux siècles. Redécouverte au milieu du XXème siècle (le violoniste Louis kaufman a beaucoup contribué au regain de popularité de l’oeuvre quand il l’a jouée à la radio de CBS l’été 1950), Vivaldi jouit de nouveau d’une immense popularité, comparable à celle de son vivant.

Eléments biographiques succints

Né à venise en 1678, il fut ordonné prêtre en 1803; surnommé le ”prêtre roux” du fait de sa chevelure, on sait peu de choses sur son enfance si ce n’est que son père lui a tout appris musicalement: à jouer du violon et à composer. La même année, il devient professeur de musique à l’école de l’Ospedale de la Piéta (“hospice de la charité”), refuge pour filles pauvres et orphelines. Il va y écrire des centaines de compositions orchestrales et chorales pour les jeunes-filles de l’orphelinat. Il forme un orchestre avec elles, un groupe talentueux qui deviendra rapidement célèbre dans toute l’Europe. Ces jeunes-filles à l’époque, se produisaient essentiellement depuis une galerie haute ou bien derrière un treillis métallique, car il était inconvenant pour une jeune-femme de jouer en public…Fort heureusement, depuis les moeurs ont évolué!

Vivaldi quittera la Piéta 40 ans plus tard pour rejoindre un ami d’enfance à Vienne devenu depuis empeureur: Charles VI. Hélas, la mort subite de ce dernier, empoisonné, l’empêchera de signer le contrat promis qui devait le rattacher à la ville de Vienne. Personne ne voudra de lui, et c’est dans le dénuement le plus complet qu’il décédera l’année d’après en 1741, d’une inflammation intestinale. L’emplacement de sa tombe aujourd’hui a été perdu…

Le printemps des “4 saisons”

“Les 4 saisons” est l’une des oeuvres musicales les plus populaires jamais composées. Il existe aujourd’hui des centaines d’enregistrements des “4 saisons”, y compris dans des arrangements pour flûte, harpe, trio de guitares, quintette de cuivres, quartette de jazz, cordes ou instruments chinois traditionnels!!

Cette oeuvre est une suite pour 4 brefs concertos* pour violons écrits vers 1720. Chaque saison comporte trois mouvements* et dure dix minutes. (*voir le tableau des définitions)

Cette oeuvre magistrale s’inscrit parfaitement dans le mouvement baroque, car Vivaldi affectionnait les effets musicaux étincelants: les descriptions sonores des phénomènes naturels comme les tempêtes, le vent, la pluie, la simulation de chants d’oiseaux sont très éloquents. Les contrastes sont marqués entre l’intense et le doux, il existe des oppositions entre l’orchestre au complet et un instrument solo; les gammes montent et descendent et suivent pourtant une harmonie d’ensemble évidente. Toutes ces caractéristiques font écho aux couleurs intenses, aux effets dramatiques, à la magnificience bien connus de l’ère baroque.

Cette oeuvre a véritablement révolutionné la musique en son temps car Vivaldi a souhaité l’ériger en “concept global”, à savoir en associant peinture, poésie et musique.

Car les concertos des “4 saisons” sont en effet inspirés de tableaux du peintre Marco Ricci et Vivaldi lui-même en a extrait quatre sonnets* pour illustrer chacune des saisons. Sa musique reflète parfaitement les quelques mots-clés de chacun des sonnets.

En-voici la traduction, pour la saison du printemps, puisque c’est celle qui nous intéresse aujourd’hui:

LE PRINTEMPS (concerto n°1)

(les mots en gras sont illustrés dans la musique de Vivaldi)

(1 er mouvement)

Le printemps est venu, apportant la gaité;

Les oiseaux le saluent de leurs chants exaltés

Et les ruisseaux qu’effleure un souffle de zéphyr,

Coulent à l’unisson leurs flots qu’on entend bruire.

Le ciel s’est recouvert d’une sombre voilette,

Le tonnerre et l’éclair annoncent la tempête.

Mais sitôt qu’ils s’apaisent, les oiseaux joyeux

Reprennent sans tarder leurs chants harmonieux.

 

(2ème mouvement)

Et dans la prairie ondulante, tout en fleurs,

Dont chaque feuille ou herbe chuinte en douceur,

Le pâtre dort, son chien fidèle à ses côtés.

 

(3ème mouvement)

Dans le pré, au son des musettes pastorales,

Nymphes et bergers saluent d’une bacchanale

L’arrivée du printemps, l’éclat de sa beauté.

 

La musique hantait l’esprit de Vivaldi, mais aussi chaque fibre de son être: on dit de lui qu’il est l’un des rares compositeurs à avoir composé autant de pièces musicales de son vivant, autant que Bach et Haendel réunis! Au-delà de tout ça, il est un fait évident: pour avoir sû aussi finement saisir et traduire en musique l’impalpable et l’insaisissable de la nature, Antonio Vivaldi fait figure de haute sensibilité, voire de génie humain! Sa musique, parfait miroir de la nature, peut tout aussi bien s’écouter lors d’une introspection. En définissant ce qui l’encadrait, il touchait du doigt les courants de l’âme, perpétuellement en mouvement, et jamais linéaires. Un talent extraordinaire qui, par effet de catharsis, nous aide à sortir, en écoutant sa musique, tous lesmouvements d’humeur qui nous habitent!

Belle écoute, bonne lecture, et surtout joyeux printemps!

Karine MICARD

 

 

 

 

* Pour les néophytes…

 

 

un concerto: C’est une composition musicale dans laquelle il y a une interaction entre l’orchestre et un (ou des) soliste.

 

harmonie: derrière la mélodie, on entend des groupes de notes appelés “accords”; ils viennet appuyer la mélodie mais peuvent se suffire à eux-mêmes.Ces accords créent le climat de la musique: Vivaldi maintient au début de l’Hiver chaque accord sur huit temps égaux, avant de passer au suivant et chaque accord est une jolie surprise. Nulle mélodie, presqu’aucun rythme, mais quelle harmonie!

 

un mouvement: C’est une partie complète et indépendante d’une oeuvre plus importante comme un concerto ou une symphonie.

 

une mesure: C’est la partie de la musique qui permet de taper du pied! Elle peut regrouper deux, trois ou quatre battements, appelés “temps”.

 

Un sonnet: Forme poétiquetrès difficile à maîtriser: les vers doivent compter un nombre determine de syllables, rimer selon un plan précis et le poème achevé doit compter exactement quatorze vers.

 

tempo: C’est la vitesse d’exécution de la musique, qui peut varier du très lent au très rapide. On utilise souvent des termes italiens pour le décrire: adagio veut dire “très lentement”, andante, “modérément”, allegro “vivement”, et presto, “très vite”.