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L’Intérêt du pardon

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L’intérêt du Pardon

 

 

Souvent, pardonner semble être de l’ordre de l’utopie, lorsque le coeur est chargé d’amertume et de colère vis-à-vis de l’autre qui nous a tant fait souffrir. Un peu comme si pardonner revenait à cautionner ce qui s’est passé, donc se manquer de respect à soi-même. 

Quelle erreur! …

 

 

Comme on se sent grandi lorsqu’on parvient à dépasser son orgueil!

Qu’est-ce qu’on se sent libéré! Si vraiment le pardon était synonyme de faiblesse, le sentiment qu’il génére ne se rapprocherait pas autant de cette satisfaction personnelle qui revient à être fier de soi, sainement.

En cette période de fête des mères et des pères, les rancoeurs du passé souvent ressurgissent de plus belle: on a plus souvent tendance à reprocher une éducation, une attitude, un mot, un rapport froid ou indifférent à l’autre en se rappelant les vexations et autres maladresses ou maltraitances morales, quand elles ne sont pas physiques pour certains. 

Or, cultiver la rancoeur et la colère revient à entretenir un vice qui nous détruit et nous ronge le coeur et l’esprit au lieu de les épanouir. 

 

Car sans théoriser chrétiennement, une évidence humaine s’impose: tant qu’on ne pardonne pas sincèrement à l’autre, on ne se libère pas du poids de l’amertume. Cette même amertume qui renvoie à la personne responsable de nos souffrances un sentiment de défiance et de rancoeur, ne nous libère pas de la relation déjà installée. Elle entretient au contraire un lien de non communication à l’autre et nous détruit à petit feu. Si le rapport dominant-dominé est entretenu, la culpabilité joue pour les deux partis. 

 

Se détacher de cette amertume et de cette souffrance nous ôte de toute évidence un poids énorme de notre esprit. Car rien n’est plus polluant que la haine dans nos coeurs. Quand on est haineux, on se fait tout d’abord du mal à soi-même: la haine entretient la haine qui nous détruit au passage en tâchant de détruire l’autre. Quel triste résultat! 

Quand on a souffert à cause de quelqu’un, il faut avant tout tâcher de se libérer de la souffrance avant de chercher à se venger du responsable de cette souffrance. 

Et pour se libérer de cette souffrance, il faut absolument apprendre à pardonner!

 

 

En effet, pardonner, c’est refuser de cultiver en soi un sentiment destructeur qu’une tierce personne aurait installé à notre insu. C’est donc se respecter soi-même et chercher à évoluer ensuite. Car cette

rancoeur détermine souvent le mode de relation qu’on entretient avec notre entourage proche, en ce sens qu’on a tendance à reproduire plus facilement un shéma psychologique vécu qu’à le réinventer (un enfant battu devient souvent à son tour un parent violent). Se libérer très tôt de la haine générée par un ascendant nous aide à définir beaucoup plus sainement les rapports qui existeront avec ses descendants.

 

Pardonner, c’est accepter que l’autre ait été peut-être lui-même victime de sa maladresse, car on ne naît pas agresseur, violent, ou cruel, on le devient*. C’est lui montrer ouvertement que l’on se positionne au- dessus des considérations purement egoists et puériles (“tu m’as fait souffrir, tu m’as fait du mal, tu es méchant”), donc que l’on est peut- être plus mature que lui. Sans aller jusqu’à lui trouver des circonstances atténuantes, le simple fait d’essayer de chercher à comprendre ce qui a pu conduire cette personne à être aussi mauvaise, nous aide à prendre de la distance par rapport à la situation. Et à laisser se diluer tout espoir de vengeance. Prendre soin de nous est mille fois plus productif et intéressant que chercher à se perdre dans les méandres de stratagems vindicatifs.

 

Enfin pardonner, ce n’est pas oublier l’offense: c’est simplement se délester de la charge angoisse-rancune, en montrant qu’en dépassant sa propre rancoeur, on préfère se concentrer sur une considération plus noble, un sentiment d’amour réel et sincère. Car au même titre que la haine entraîne la haine, l’amour cultive l’amour! À ce titre, le “je te pardonne” équivaut à un acte d’extrême maturité qui ne peut qu’aider à nous libérer de nos maux, et à nous en sortir grandi.

Le souvenir de l’offense reste intact tant qu’on ne pardonne pas. Le jour où on y arrive, le souvenir est certes toujours là, mais la douleur bien moindre. Il est infiniment plus gratifiant de se savoir grandi du pardon que maintenu petit par la haine.

 

Ne plus jamais éprouver ce sentiment de détresse cette même détresse qui nous meurtrissait

petit, n’est-ce pas là un challenge personnel magnifique ? Un challenge qui nous libère d’un poids certain et nous ouvre les yeux et l’âme sur ce qui mérite d’être véritablement banni pour mieux avancer…

 

En conclusion, le pardon est définitivement la plus belle victoire du chemin de soi avec soi, quand on a laissé le temps nous aider à conserver un certain recul sur l’offense.

 

 

Chantal Rolland

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