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L’ AMOUR ET LA TRAVIATA

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Giuseppina STREPPONI (1815-1898)

Ce nom ne vous dit rien ?

La “Strepponi” non plus ?

Et pourtant…

 

Giuseppina Strepponi est entrée dans la vie de Giuseppe VERDI (1813- 1901) pour visiblement mieux le révéler à lui-même. Hélas, à part deux biographies incomplètes, aucun hommage littéraire n’est à ce jour recensé sur cette cantatrice italienne notoire qui fit quelques années partie du cercle restreint des divas italiennes; de son passé trouble à sa vie rangée d’épouse de maestro, cette femme aux multiples facettes paraît vite fascinante: à la fois amie précieuse de Giuseppe, muse indispensable puis épouse fidèle, Giuseppina présente des zones d’ombres qui contrastent avec ses grandes valeurs de coeur et d’esprit.

 

La conquête de Giuseppina est d’abord laborieuse pour Giuseppe: la soprano connait très tôt une vie sentimentale mouvementée. Au moment de sa rencontre avec Verdi alors tout jeune compositeur (avril 1839), Giuseppina, au faîte de sa gloire, a accumulé les conquêtes, connu les plus grandes scènes lyriques italiennes et a eu le premier enfant d’une série de quatre conçus avec des pères différents. Ses activités de courtisane liées à son statut d’illustre soprano font de cette artiste à l’enfance pesante une femme déjà usée par le travail forcé et par la fête. Elle est adulée, entourée d’une nuée de prétendants et de parasites, courtisée par de hauts personnages fortunés et titrés, et en permanence encouragée à poursuivre sa carrière par des honoraires faramineux.

 

Elle commence à perdre la voix, elle accumule une fatigue ravageuse. Autant de traits qui composent le portrait d’une dévoyée. La jeune-femme exerce cependant encore une fascination sur les hommes: sans doute la souffrance et le malheur ont-ils donné à son regard et à son sourire une gravité, une sorte de détachement, l’expression d’un scepticisme désabusé qui attirent Giuseppe VERDI lui-même alors déchiré par le destin ( il vient de perdre successivement ses deux enfants en bas âge atteints d’une maladie et son épouse qui n’a pas survécu à leur décès…)

 

Giuseppe et Giuseppina, en plus de partager le même prénom, sont habités par la même passion musicale et partagent en ce domaine les mêmes inclinations. Leurs âmes sont similaires…il leur est indispensable de s’aimer. Mais c’est au prix de nombreux quolibets et dénigrements qu’ils bâtissent leur histoire d’amour. Une histoire passionnelle qui les envahit, allant jusqu’à rompre toute relation avec Verdi père puisque ce dernier ne tolère pas l’histoire d’amour de son fils avec une femme de “petite vertu”.

 

En assistant ensemble à la première représentation de la Dame aux Camélias à Paris, Giuseppe VERDI est bouleversé par le drame de Dumas fils car frappé par la correspondance entre l’histoire évoquée et sa relation avec Giuseppina.

Tout comme Marguerite Gautier dont le modèle vivant est la jolie courtisane Marie Duplessis, Giuseppina a été une “traviata”, une dévoyée, et le père du héros la réplique de Carlo Verdi . La légende veut qu’à peine sorti du théâtre, le maestro commence à composer la musique de ce qui deviendra l’un des opéras les plus célèbres et les plus joués de par le monde…Nous sommes treize ans après leur rencontre et ce moment incarne l’apogée de leur histoire d’amour.

 

Giuseppina est un personnage féminin très actuel.

En plus de largement mériter d’être au coeur d’une oeuvre qui honore sa mémoire, Giuseppina est toute en contrastes: les femmes d’aujourd’hui se retrouveront pour la plupart en elle. Douée d’une grande générosité de coeur et d’une bonté d’âme sans précédent, elle vit la première partie de sa vie librement et stratégiquement; puis elle n’hésite pas à rompre sa position sociale notoire pour s’immerger corps et âme dans une histoire d’amour passionnelle en total abandon d’elle-même, car plus en accord avec elle-même.

 

Le contrat moral convenu avec son père avant son décès est déterminant dans son rapport avec les hommes qu’elle rencontre. Seul Giuseppe Verdi l’aide à rompre le joug paternel et à la révéler à elle-même. Un Giuseppe qu’elle fait curieusement naître à lui-même également. Car c’est grâce à ses relations qu’il accède aux grandes scènes italiennes et qu’il amorce le parcours qu’on lui connait.

Leur vie de couple connaîtra des hauts et des bas – Giuseppe aura quelques incartades dont une sérieuse avec une jeune cantatrice qu’il fera vivre chez eux!– mais jamais ils ne cesseront de s’aimer. Giuseppe ne survivra à sa “Peppina” que trois ans. Giuseppina a fait le voeu de conserver sur le coeur dans son cercueil une des premières lettres d’amour que Giuseppe lui a écrite quelques soixante ans plus tôt. Nabucco, Ernani, Rigoletto, le Trouvère, la Traviata, Aïda etc… sont un peu les enfants qu’ils n’ont jamais pu avoir; des oeuvres mûries longuement, créées à deux, portées et mises en oeuvre au nom de l’Amour.

 

Giuseppina Strepponi est à elle seule un hommage à l’amour au-delà des époques et des frontières.

 

LA STRUCTURE DE L’OEUVRE DE KARINE MICARD :

La structure du roman de Karine MICARD  repose sur celle de ”la Traviata” qui se découpe en trois actes : la vie de Giuseppina est exposée via les célèbres tableaux de l’opéra de Verdi.

Chaque tableau évoque donc un épisode de la vie de Giuseppina ou de Giuseppe Verdi et installe ainsi parfaitement les contextes de leurs passés respectifs, de leur rencontre, et de leur histoire d’amour, tout cela de façon non chronologique.

A lire absolument si vous aimez la Traviata :

« Moi, Giuseppina Verdi » de Karine Micard aux  Editions Robert Laffont

9782757842713

 

 

 

 

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