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Salvador Dali (1904-1989) et la montre molle

  |   L’Art et la solitude   |   Pas de commentaire

Dali, artiste polyvalent surtout connu pour ses œuvres picturales, s’inscrit dans le courant surréaliste des années 20. Le surréalisme qui surgit en 1924 avec l’écrivain André Breton et son manifeste surréaliste, prétend associer deux courants déjà existants: la spontanéité d’expression des dadaîstes et la mécanique mystérieuse des rêves et de l’inconscient découverte par Freud. Les grands surréalistes furent Magrite, Ernst et donc Dali sur lequel nous allons un instant nous attarder.

 

Dali s’est tout au long de sa vie complu à créer des objets à fonction symbolique. L’objet surréaliste n’est pas pratique, il ne sert à rien à part attendrir les hommes, les faire réfléchir parfois.

 

En cette rentrée des bonnes résolutions, s’il est une œuvre d’art absolument touchante qui met l’accent sur la vulnérabilité de notre existence au sein de la spirale du temps qui passe, c’est bien la fameuse sculpture de la montre molle (en bronze, 1980) de notre ambassadeur des chocolats Lanvin ( « je suis fffffou des chocolats »…c’est lui !), dite « la persistance de la mémoire », issue elle-même de sa toile peinte en 1931 du même nom.

 

Cette œuvre, à première vue, semble traduire l’angoisse et la désolation du temps qui passe, inexorablement, sur l’arbre de notre vie, un arbre sans feuilles, quasiment sans vie…cependant, si le support de la montre est en friche, sa mécanique, elle, reste en vie. Les aiguilles continuent en effet imperceptiblement à offrir l’heure, cette même heure qui régule nos vies, conditionne nos plannings, et ordonne nos priorités. La montre qui fond exprime l’élasticité du temps et de l’espace. Le temps peut s’étirer parfois à l’infini, les secondes semblent être des heures, les heures des journées entières, ou au contraire il file si vite que tout semble nous échapper !

 

Il existe de nombreuses situations où le passage du temps est interprété de façon très sensible: dans les embouteillages, dans les queues aux caisses des supermarchés ou encore à la poste ( !) ou à l’opposé une soirée avec l’être aimé paraît ne durer qu’une minute, ou encore tous les moments de bonheur vécus auprès d’un enfant filent à la vitesse grand V. Mais pourquoi certains temps d’attente sont-ils plus difficiles à accepter que d’autres ? Quelle attitude adopter ? Faut-il opter pour la sérénité ou bien s’agiter en tout sens pour y pallier ?

 

Le temps est tout simplement ce que nous en faisons.

 

Libre à vous de le remplir jusqu’à l’excès ou de le laisser filer. Et là me revient en mémoire un poème de Charles Baudelaire, l »’Horloge » qui définit le temps:

 

« 3600 fois par heure la seconde chuchote « souviens-toi ! « rapide avec sa voix,

 

D’insecte maintenant dit : je suis Autrefois, et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! »

 

« (…) Souviens-toi que le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ! C’est la loi. »

 

Baudelaire avait compris que le temps était notre seul ennemi. Contre lui point de salut, hormis l’ivresse ! Mais quel dommage de chercher à fuir cette notion alors qu’en l’affrontant, tout comme on chercherait à dominer notre solitude, on peut l’envisager de façon tout à fait constructive :

 

Enfin, sans parodier Pascal Obispo mais pour reprendre un des thèmes majeurs de la philosophie occidentale :

 

Et s’il ne vous restait plus qu’une heure ?

 

Peut-être la dernière

 

Que feriez-vous ?

 

Je vous laisse réfléchir sur un exercice parabolique qui m’a tout particulièrement interpelée en surfant sur un site (site www // villemin.gerard.free.fr) :

 

A faire passer en priorité dans les bonnes résolutions de la rentrée ?

 

Merci Salvador, cette montre coulante finalement représente tous les souvenirs déformés que l’on pose sur la vie. Car notre vie se construit aussi à partir de la représentation qu’on veut bien s’en faire ; autant se forger de beaux et de puissants souvenirs pour être fiers une fois âgés, de se retourner sur des chemins de vie passablement gratifiants.

 

Si vous pleurez sur votre solitude, si chaque heure qui passe vous semble aussi longue qu’une journée, dîtes vous que par votre seule volonté vous pouvez inverser la tendance et vous mettre à profiter puissamment de chaque instant que vous offre la vie.

 

Karine Tuzet

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