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SAVOIR DEJOUER UN CONFLIT

  |   Coaching, Connaissance de soi   |   Pas de commentaire

Capucine : Il m’est arrivé de vivre une journée entière catastrophique, qui a pris des proportions que je ne pouvais pas soupçonner. C’était un Mercredi, j’avais eu cours comme d’hab’ trois heures le matin et j’avais accumulé les galères. Une mauvaise note en français, une embrouille avec Jonathan, le surveillant, du coup deux heures de colle et un mot dans le cahier de correspondance ! la prof d’histoire étant absente, on a eu perm, c’est lui qui nous surveillait… je le déteste, il est moche, il est pas drôle et il est du genre plot : là où il se pose, il ne bouge plus. Comme il était entre Isalyne et moi et qu’on se parlait, il m’a gênée. Je lui ai dit « bouge ton uc, no brain »…j’crois qu’il a pas aimé…Et pour finir, je me suis embrouillée avec Isalyne puisqu’elle aussi a pris deux heures de colle en cherchant à me défendre ! Bref, journée de m…déjeuner de m…après-midi de m…chez moi, toute seule. Je suis allée à mon cours de gym, persuadée de me péter quelque chose durant le cours…Heureusement non, sauf que quand je suis revenue du cours, je ne retrouvais plus mes clés ! Obligée d’appeler ma mère, mon père étant en déplacement, elle était en réunion, je l’ai dérangée bien évidemment alors qu’elle était en pleine présentation de dossier. Elle était furieuse, m’a sommée d’aller chez les voisins attendre son retour, j’étais toute dégoulinante de sueur à cause de mon cours de gym, écoeurée de perdre du temps alors que mon cartable n’était pas prêt pour le lendemain, les devoirs pas faits et que ma douche n’était pas encore prise. Elle ne rentrerait qu’à 20h30, il était 19h30…bonjour la galère…

Elle n’est finalement revenue qu’à 21h ! A cause des bouchons : y’avait grève des taxis, ça roulait très mal sur le périph, blabla. Elle était d’une humeur massacrante quand elle est venue me récupérer chez les voisins : non seulement c’est elle qui était à la bourre, mais en plus, elle m’a carrément enguirlandée pour les clés perdues. On est rentré à la maison, elle disait pas un mot. Elle est allée prendre sa douche…Elle a préparé le dîner tandis que je terminais quelques exos de maths. Elle m’a appelée pour venir dîner, je n’ai pas répondu tout de suite. Elle est montée me chercher et est entrée, furax dans ma chambre. Je ne l’avais pas rangée depuis quelques jours, c’était un désordre sans nom. Elle m’a hurlé dessus comme une furie, me disant que j’étais irrécupérable, que si je n’étais pas capable de mettre de l’ordre dans ma chambre, c’est que je ne pouvais pas en avoir dans ma tête, qu’elle n’était pas étonnée que je paume mes clés, blabla. Après la journée que j’avais eue, je n’avais pas besoin d’entendre des trucs comme ça. Le ton est monté, je ne me suis pas laissé marcher dessus. Je lui ai répondu avec pas mal de grossièreté, ce qui n’a fait qu’amplifier la situation : moi, j’étais harassée par ma journée et maman par ma façon de me comporter et de répondre. Elle m’a hurlé dessus comme jamais, moi, j’ai pris la mouche et lui en ai voulu de me parler comme ça. Les portes ont claqué, j’ai choisi de ne pas dîner ce soir-là. On s’est fait la tête toute la soirée. Ce n’est que le lendemain matin au petit-déjeuner, alors que je devais lui faire signer mon carnet qui parlait de mon insolence de la veille, que j’ai appris que maman était virée de son job…Elle pleurait devant son bol de café. Elle ne m’a pas expliqué qu’elle avait passé une journée affreuse la veille. Moi j’avais pris pour moi son mauvais caractère. Je m’en suis voulue. Je me suis sentie bête et tellement impuissante à l’idée de ne pas pouvoir l’aider à aller mieux !

Mii de Capucine : Classique, ta maman a eu des ennuis toute la journée, et toi aussi. L’une et l’autre étiez trop tournées vers vos ennuis respectifs pour comprendre l’autre. C’est le coup du papa remonté après son boss qui s’en prend à son épouse le soir ; laquelle se défoule sur le fiston. Personne n’a assez de recul pour comprendre que si l’autre agit sous la colère, c’est peut-être tout simplement qu’il a eu des ennuis incalculables et qu’il est épuisé. Chacun voit midi à sa porte. Et chacun s’en tient à ce que lui dit ou lui fait l’autre. Si seulement, tu comprenais à quel point il est facile dans ces moments-là d’éviter le conflit, juste en se mettant à la place de l’autre…

Capucine : Pas sur le moment, quand on se fait insulter de souillon et de mauvaise fille !

Mii de Capucine : Toi, tu étais dans la crainte d’être jugée pour tes punitions et ta mère, frustrée et contrariée, a eu honte de t’avouer qu’elle était renvoyée…Ton père étant absent de surcroît, ta maman n’a eu personne pour parler de ses ennuis et la spirale de l’incompréhension vous a entraînées au conflit direct ! Ce n’était en fait que de la maladresse de votre part à chacune.

Capucine : Moi, j’aurais juste aimé un câlin et de la douceur, de la compréhension. Au lieu de ça, j’ai eu droit à une colère, des insultes et de la méchanceté. J’ai pleuré une bonne partie de la nuit, d’habitude on ne se couche pas fâchées, mais là, elle n’est même pas revenue pour qu’on fasse la paix…J’ignorais juste que de son côté, elle pleurait aussi.

Mii de Capucine : Incompréhension quand tu nous tiens…la colère est un fléau qui te fait dire et commettre bien des erreurs lorsqu’elle te submerge. Il faut que tu apprennes à lutter contre la colère…

Plutôt que de la théorie, tu veux voir ce qui se serait passé si tu avais laissé l’amour dominer ta colère ?

Capucine : oui ?

Un écran s’allume, la maman de Capucine vient récupérer sa fille chez les voisins.

Capucine : Comme tu dois être fatiguée ma pauvre maman, il est tard, tu as subi les bouchons et tu as eu une rude journée j’imagine…

Maman : Ce n’est pas rien de le dire ! Allez viens, saluons Paul et Caroline qui ont eu la gentillesse de t’accueillir chez eux. Encore merci, je suis confuse de cet imprévu..

Caroline et Paul : Il n’y a aucun problème, Capucine ne nous a pas du tout dérangés, elle est la bienvenue quand elle veut!

Capucine : Merci beaucoup, à bientôt !

Capucine et sa maman rentrent chez elles…Capucine remarque bien que sa maman n’est pas comme d’habitude.

Capucine : Qu’est-ce qu’il y a maman ? J’ai l’impression que ça ne va pas bien. Tu as des ennuis ?

Maman : Oui, ma chérie. Sébastien, mon boss, m’a annoncé ce soir que la société faisait faillite. J’avais des soupçons ces derniers temps, mais tout s’est précipité. Nous avions une présentation ce soir devant un client. Je n’ai pas été brillante, bien trop absorbée par ce que je venais d’apprendre. Nous n’avons pas obtenu le budget, ma prestation n’ayant pas été convaincante…J’ai un gros sentiment d’échec ce soir, ma chérie.

Capucine : Oh ma pauvre maman…je comprends mieux pourquoi tu as ce petit air triste. Et moi qui en rajoute en perdant mon trousseau !

Capucine prend sa maman dans les bras. Elle lui fait un énorme câlin. 

Capucine : Viens, assieds-toi. On va parler un petit peu…

Maman : Je pense de plus en plus à la proposition de Magalie, tu sais : elle est mon amie depuis de nombreuses années, j’ai une énorme confiance en elle. Cela fait trois ans qu’elle se dit prête à lancer une société d’événementiel. Elle et moi avons un carnet d’adresses qui nous permettrait de lancer rapidement une affaire peut-être florissante. Peut-être est-ce le moment de se lancer ?

Capucine : C’est une super idée, ça ! Tu as souvent parlé de ça ! Tu créerais ton entreprise et tu serais aux commandes de ta boîte, ce serait une expérience formidable !

Maman : Sauf que je n’ai pas le droit de me tromper, chérie…On ne lance pas une affaire comme on aurait l’idée de faire des crêpes ! Je vais y réfléchir et en parler avec papa. Viens dans mes bras ma puce : et toi, comment ça va ? Parle-moi un peu de ta journée…

Capucine : Ouhlala. Ça n’a pas été terrible, terrible, mais j’avoue que j’y suis en partie responsable…

Maman : Au point où j’en suis chérie, je peux tout entendre.

Capucine : Alors voilà. Déjà, j’ai eu une note affreuse en dissert’ : 7/20…Moi qui pensais avoir été inspirée. 

Maman : C’est pas top, c’est vrai. Mais ce n’est qu’une note et tu as plutôt une bonne moyenne en français. Tu te rattraperas la prochaine fois ?

Capucine : J’y compte bien…Ensuite, j’ai vraiment honte de te raconter ce qui s’est passé avec le surveillant de la perm. Je l’ai un petit peu insulté, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’étais de mauvaise humeur…J’ai deux heures de colle…plus un mot dans le carnet…

Maman : Mais qu’est ce que tu lui as dit ?

Capucine : Je lui ai dit « Bouge ton uc, no brain »

Maman : ça veut dire quoi ?

Capucine : « Peux-tu te pousser stp, tu me gênes un petit peu »

Maman : Capucine, ce n’est pas comme ça qu’on t’a élevée papa et moi. Qu’est ce que ça veut dire cette façon de t’adresser à un adulte ? Tu vas me faire le plaisir de lui présenter tes excuses dès demain !! Je vais signer ce mot, mais à la seule condition que tu me fasses le serment d’aller lui présenter tes excuses et de lui promettre de bien plus le respecter à l’avenir.

Capucine : Je t’assure que je ne parle pas mal comme ça d’habitude. L’espace d’un instant, je l’ai confondu avec un pote à moi, j’ai cru qu’on était entre nous, alors je lui ai parlé comme je le ferais avec n’importe quel « camarade »

Maman : Bon. Tu as eu le courage au moins de me dire la vérité, et j’apprécie beaucoup. Ce n’était une bonne journée ni pour moi, ni pour toi. Il y a des jours et des lunes, comme on dit. Tu vas monter terminer tes devoirs puis prendre une douche. Je vais pour ma part me détendre dans un bain. Et on se rejoint devant un bon dîner, d’accord ?

Capucine : D’accord. Je t’aime maman. Tu es la meilleure maman du monde. Tu es une winneuse, ce qui t’arrive est peut-être un mal pour un bien : tu vas retrouver une activité qui te correspondra bien plus et tu seras heureuse.

Maman : Je t’aime aussi ma chérie. J’espère que tu dis vrai…Je vais tâcher d’être plus souvent présente pour toi, je sais que ces derniers temps, tu as beaucoup souffert de mes absences…

L’écran s’éteint.

Capucine : Waouh ! Comme j’aurais mille fois préféré que ça se passe comme ça !…Je reconnais que j’ai été trop égoïste, pensant être la seule à avoir des ennuis. Pas une seconde, je n’ai pu imaginer qu’elle aussi en avait. Je me suis laissé enfermer dans une bulle, je me suis conduite comme si j’étais seule au monde. Quelle imbécile j’ai été !

Mii de Capucine : Inutile de te fustiger, Capucine. Tu étais irritable car de mauvaise humeur. Tes ennuis de la journée se sont accumulés à cause de cette mauvaise humeur : le négatif appelant le négatif, les ennuis ont été « aimantés » par les ondes négatives que tu dégageais sans le savoir et tu t’es laissé submerger par tout ça. Vois comme avec un peu de considération de l’autre, de sens de l’écoute, de franchise et de capacité à te remettre en cause, tu peux déjouer un conflit et orchestrer avec intelligence les relations avec ton entourage.

Capucine : Oui, il aurait fallu que je m’intéresse à elle beaucoup plus, que je l’écoute, que je l’aide à trouver une solution autant que faire se peut. Ensuite il aurait fallu beaucoup de tendresse, de la confidence en lui disant tout sans rien lui cacher.

Mii de capucine : …elle aurait pris ça comme une preuve de confiance de ta part : tu lui confiais tes ennuis, tu lui avouais toute la vérité en reconnaissant tes torts, le fait de ne pas avoir cherché à travestir la vérité t’aurait donné beaucoup de crédit. Quand bien même elle aurait eu envie de sermonner, tu aurais écouté en toute conscience, admis tes erreurs et promis de t’améliorer. Qui, dans ces conditions, peut-il ne pas avoir envie de te pardonner ?

Capucine : Je comprends maintenant l’inintérêt de la colère…ça complique tout, ça rend bête et méchant et ça ne fait qu’empirer les problèmes. Mais comment réfréner ses pulsions quand on sent que la colère ça monte !?

Mii de Capucine : Par l’amour Capucine, par l’amour, même si c’est souvent très difficile… Quand ta colère monte, prends du recul, respire très fort trois fois de suite. Ferme les yeux et imagine cette énergie d’amour qui sort de ton cœur et qui te submerge de chaleur et de douceur. Quand tu reçois un message par sms ou boîte vocale qui te met hors de toi, donne-toi toujours un laps de temps pour y répondre. Tu peux y répondre pour te défouler et mettre dans brouillon. Idéalement, laisse passer toute une nuit avant de l’envoyer. Tu verras que le lendemain matin, tu reformuleras tout différemment, consciente de la violence de ton premier message. S’il s’agit d’un conflit en direct, fais en sorte de couper net la conversation. Et à revenir dessus une fois calmée. La colère rend en effet méchant : elle t’incite à blesser l’autre pour lui retourner le mal qu’il te fait. Alors que tu as tout à y perdre et qu’il vaut mille fois mieux bien souvent se taire.

Capucine : Je sais que la colère m’a souvent mise dans des situations limites…

Mathieu : Moi, les quelques fois où j’ai agi sous la colère, je devenais violent et je m’attirais beaucoup plus d’ennuis que si j’avais su me tempérer.

Mii de Mathieu : La colère est à l’homme ce que le vent est au feu : elle répand la désolation et conduit à la dévastation.

Mathieu : Ouch ! Comme c’est parlant cette image !

Capucine : ça ne donne pas envie d’y plonger !

La facette « apprendre à déjouer un conflit » s’illumine et irradie de mille feux.

KM

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